L’édito de la semaine, le 24 Avril 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (24 Avril 2022, dimanche de la Miséricorde divine) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Tel est le cri de foi de saint Thomas. Lui, l’incrédule, ne pouvait croire à la résurrection de Jésus, tant qu’il n’avait pas touché les plaies du crucifié. Les marques des clous et de la lance étaient, pour lui, des signes nécessaires à sa foi. De fait, en voyant l’humanité de Jésus, marquée des plaies de la crucifixion, il passe de l’incrédulité à la confession de foi, ce qui entrainera la réponse de Jésus : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29). Nous devons distinguer deux réalités. La première qui a trait à la vision : Thomas voit en chair et en os le crucifié, le transpercé vivant, autrement dit l’humanité de Jésus bien vivante marquée des plaies de la crucifixion. Il n’y a plus de doute : l’homme, qui était sur la Croix, mort le vendredi saint, est bien vivant. Ses yeux de chair voient donc l’humanité de Jésus, et seulement son humanité, pas sa divinité. La seconde réalité est la foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Là, nous changeons de registre. Ce n’est plus la vision des yeux de chair, mais la foi, autrement dit une révélation de Dieu reçue du Père, accueillie comme telle, lui donnant part à cette connaissance que Jésus n’est pas seulement un homme ayant traversé la mort, doté d’une puissance de vie surprenante, mais aussi qu’il est Dieu. Les noms de « Seigneur » et de « Dieu » professés par saint Thomas ne laissent aucun doute sur cette certitude de connaissance qu’il a reçue de Dieu. Ainsi, la vision du transpercé vivant l’amène à confesser la foi : ce qu’il ne peut voir de ses yeux de chair, la foi lui révèle que cet homme est Dieu. Or, Jésus loue ceux qui croient qu’il est Dieu sans avoir vu son humanité transpercée vivante. Ainsi, notre foi va reposer non pas sur une vision oculaire de l’humanité de Jésus vivant, comme ce fut le cas pour les Apôtres, mais plutôt sur le témoignage de ces Apôtres qui ont vu le Christ ressuscité. C’est leur témoignage, les Evangiles avec toute l’Ecriture sainte, la Tradition vivante de l’Eglise qui nous conduisent à accueillir le don de la foi. Ainsi, la résurrection lève le voile sur le mystère du salut : elle donne l’éclairage des prophéties, des actions de Dieu au sein de son peuple, sur la longue préparation de ce peuple élu qui trouve son accomplissement dans la mission du Christ. Tout annonçait le Christ et préparait son action. Tout s’accomplit en lui et se révèle par le mystère de la résurrection. La résurrection est comme une clé de voute des mystères du salut : elle donne sens à tout ce que le peuple de Dieu a vécu aux cours des siècles. Elle inaugure l’espérance des temps nouveaux marqués par la victoire définitive du Christ sur le péché et la mort qui en est sa conséquence.

La Vierge Marie et les saints ont mis leur confiance en Dieu, malgré l’ardeur des combats. Leur bonheur est dans cette plénitude d’amour que Dieu a livrée sur la Croix et concrétisé par le don de la résurrection. L’homme est grand et Dieu l’a voulu ainsi. En l’appelant à cette plénitude d’amour, au prix de son rachat sur le bois de la Croix, l’homme ne peut trouver d’autre voie qui le conduise à ce bonheur éternel, tout comme il ne peut entendre d’autre voix plus sûre que celle du divin Fils de Dieu venu dans le monde du sein de la Vierge Marie pour l’appeler à le suivre en offrant sa vie en rédemption pour la multitude. 

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