L’édito de la semaine, le 20 Novembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (20 Novembre 2022, Solennité du Christ, Roi de l’univers) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Lc 20,43) dit Jésus au bon larron. Quel contraste entre l’attitude des chefs des prêtres, des soldats, du mauvais larron et celle du bon larron : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! … Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! … N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » (Lc 20,35.37.39) « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23,42) ! A la Croix, deux chemins s’ouvrent : celui qui conduit à sa propre damnation par refus de toute miséricorde de Dieu et celui qui conduit au bonheur éternel, en accueillant le don de Dieu. L’un est le refus de la main tendue du Tout-puissant, qui s’est humilié sur le bois de la Croix, l’autre est la reconnaissance de son péché et le désir d’accueillir la miséricorde de Dieu. D’abord, il y a la confession du péché, puis l’accueil du don de Dieu : « pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23,41-42). L’un est le refus du mystère, l’autre est l’accueil du mystère. L’un s’appuie sur la seule raison devant un événement qui semble prêter à la dérision et au mépris, du moins au sourire devant une telle apparence d’échec. Tandis que l’autre s’appuie sur le mystère de la foi, don de Dieu, dont la parole de Dieu en Jésus est le socle sur lequel le bon larron établit son acte de foi. De fait, devant la Croix, un tel spectacle, qui s’apparente à une profonde débâcle et un revirement extrêmement calamiteux après de nombreux miracles qui ont fermé la bouche des puissants chefs des prêtres, pharisiens, sadducéens et autres scribes, tout portait à perdre espoir en Jésus de Nazareth. A commencer par ses propres disciples, sur les douze, n’en reste-t-il pas qu’un ? Où sont passés les autres, particulièrement Pierre, celui qui avait juré devant Jésus, que même devant la mort, il irait jusqu’au bout ? Non, il ne reste que Jean, quelques femmes, notamment sa mère, debout, communiant dans une souffrance indicible à l’avènement du Royaume de Dieu. Mais qu’est-ce le royaume ? Il n’est pas visible, pas palpable pour des esprits sans foi. Il ne consiste pas en territoires défendus par une armée solide, de possession de biens, de jouissance des plaisirs de la vie, de vie confortable, de nourritures ou boissons exquises ou savoureuses. Le Royaume de Dieu est un royaume d’amour acquis chèrement sur le bois de la Croix, où l’amour divin a daigné s’exprimer dans le rachat des âmes au prix d’une souffrance innommable de l’âme et du corps du Fils incarné. L’humanité de Jésus est devenue l’instrument de sa divinité pour abreuver à profusion du bonheur éternel les hommes rachetés. Il a fait miséricorde. Le Royaume de Dieu est un royaume bâti sur le mystère de la miséricorde. Il établit dans les âmes rachetées la confiance. L’amour miséricordieux ne cessera de s’exprimer éternellement par les plaies visibles de la passion, qui sont la marque éternelle d’un Dieu qui a choisi l’abaissement dans la plus grande humiliation pour révéler sa profonde humilité. Son humilité repousse l’orgueil et la suffisance du prince des ténèbres. Aussi, il révèle qu’il est la vérité, lui l’Eternel, qui rejoint l’humble créature humaine pour chasser le mensonge du même prince des ténèbres. A n’en point douter, le Royaume de Dieu est un mystère car il demande la foi pour y entrer. 

La Vierge Marie et la multitude des saints ont saisi cette réalité dans leur coeur. Ils sont de précieuses aides pour notre cheminement. Par leur vie, ils nous éclairent à poser les bons choix pour mettre Dieu au coeur de nos vies, afin que nous puissions nous entendre dire, lors de notre arrivée devant Dieu : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur. » (Mt 25,21)

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