L’édito de la semaine, le 20 Mars 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (20 Mars 2022 3ème dimanche de Carême) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13,3 ; Lc 13,5). Jésus apporte un enseignement clair et nouveau. Traditionnellement, les hébreux pensaient que le malheur était toujours lié directement au péché personnel de ceux qui le subissaient. Ainsi, celui qui connaissait le malheur, avait donc péché ou bien ses parents. Or, Jésus dit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? » (Lc 13,2) ou bien encore : « Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? » (Lc 13,4). La réponse est très claire : « Eh bien, je vous dis : pas du tout ! » Lc 13,3 ; Lc 13,5). Cependant, il ajoute pour les deux cas présents : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13,3 ; Lc 13,5). Autrement dit, la conversion n’est pas une option pour le salut, mais une nécessité. Le malheur en ce monde n’est pas synonyme de péché personnel mais périr pour l’éternité est la conséquence d’un refus de conversion. Ainsi, on distingue bien deux réalités : celle de la terre et celle concernant l’éternité. C’est de cette dernière que Jésus se montre très ferme et insiste à deux reprises : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13,3 ; Lc 13,5). Aussi, il montre que la vie présente est donnée précisément à l’homme pour mettre à profit ce temps de conversion. La parabole du figuier en est une belle illustration, de sorte que si le fruit vient à manquer, malgré la patience du vigneron et sa demande auprès du propriétaire, ce dernier se verra dans son droit de couper l’arbre rebelle, puisque refusant de porter le fruit, il n’est plus bon à rien : « Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” » (Lc 13,8-9). Le propriétaire est bien sûr le Père, le vigneron n’est autre que Jésus. C’est lui qui vient accomplir le travail, le mystère du salut : après avoir appelé à la conversion et versé son sang sur la Croix, l’homme rebelle à la grâce ne peut connaître d’autre sort que celui qu’il a choisi pour son plus grand malheur : périr. Un mystère !!! Trop souvent, l’on est mené à penser que Dieu est tellement bon qu’il ne pourrait se résoudre à laisser l’homme périr. Mais alors comment peut-on envisager un amour qui est refusé ? Dieu, comme chacun de nous, ne peut exiger de l’autre, contre son gré, d’accueillir son amour, car si l’autre n’accueille pas l’amour de Dieu, comment pourra-t-il lui donner la vie éternelle ? S’il y a refus d’accueillir, cela ne peut provoquer qu’un isolement, un enfermement de ladite personne, autrement dit l’enfer, dont la première et la plus importante des peines est la privation de la vision de Dieu, la privation de son amour. L’insistance de l’appel de Jésus à la conversion durant le temps de vie qui nous est donné est loin d’être anodin. Au contraire, Jésus en montre l’impérieuse nécessité, tout en montrant que les malheurs de la vie présente ne peuvent être assimilés à des péchés personnels, mais qu’ils deviennent l’occasion pour l’homme de répondre à l’appel de Dieu. La fragilité de la vie, les malheurs et les épreuves que chacun peut connaître ne cessent de nous rappeler que l’homme ne contrôle que peu de chose, qu’il n’est pas son propre Dieu, qu’il a besoin du Sauveur et d’accueillir la promesse du salut. Le temps de la vie sur la terre est un don de Dieu, « le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » (Lc 13,8-9), dit Jésus. L’enseignement de Jésus ne peut pas nous laisser sans espérance. On ne peut assimiler cela à une menace : Jésus ne dit pas vous périrez parce que vous ne répondez pas aux caprices de quelqu’un, serait-ce Dieu. Non, en quelque sorte dit Jésus, vous périrez si vous vous coupez de mon amour qui est le seul qui puisse vous garantir le bonheur, tant votre âme, consciente ou pas, a faim de mon amour pour lequel il a été créé. Malgré les malheurs de ce monde, rien ne doit nous éloigner de la miséricorde de Dieu. Au contraire, tout malheur, aussi grand soit-il est l’occasion de se jeter en toute confiance dans les bras de Jésus. 

La première en avoir fait l’expérience, toute sa vie, fut la Vierge Marie. Sa vie fut une perpétuelle offrande, une vie résolument habitée de la vie de Dieu et cela malgré les grands malheurs qu’elle a connus, que l’on ne peut d’ailleurs comprendre l’intensité et la profondeur. A sa prière, elle est à-même de nous faire découvrir, à l’intérieur de notre coeur, la douceur et la profondeur incomparable du coeur de Jésus, tant le Coeur Sacré de Jésus et le Coeur immaculé de Marie sont liés d’un amour indicible.   

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