L’édito de la semaine, le 2 Janvier 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (2 Janvier 2022, L’Epiphanie du Seigneur) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » (Mt 2,11). Les rois mages qui viennent se prosterner devant l’enfant de la crèche, venus de loin, annoncent l’universalité du salut apporté par l’enfant Jésus. Celui que ces mages nomment « le roi des juifs » va s’avérer être aussi le roi de l’univers, puisque ces rois mages, qui ne sont pas juifs, viennent eux-mêmes se prosterner devant l’enfant, non seulement comme roi, mais aussi et surtout comme Dieu. Ils viennent l’adorer, et leurs présents qu’ils offrent à l’enfant n’en font pas mystère. Bien que l’or signifie la royauté, puisque ce sont les rois qui en possèdent, ils offrent de l’encens. Or, l’encens est toujours utilisé dans les rites religieux pour adorer la divinité. Faire brûler de l’encens devant l’effigie de l’empereur romain sera pour les premiers chrétiens quelque chose d’impensable ; cela provoquera à leur encontre de nombreuses persécutions, puisqu’ils refusent de reconnaître l’empereur romain comme un dieu. Ainsi, les mages offrant de l’encens à l’enfant Jésus ne manqueront pas de l’adorer comme leur propre Dieu. Ces deux présents marquent indubitablement l’identité de Jésus : il est roi de l’univers et il est Dieu. 

Mais ce n’est pas fini. Ils offrent également de la myrrhe, résine d’une plante au goût très amer mais au parfum exquis, utilisée notamment par les juifs pour embaumer les corps des morts. Marie Madeleine, de grand matin, le jour du dimanche de Pâques, au sortir du sabbat et de la fête de la Pâque juive, se rendra au tombeau pour précisément embaumer le corps de Jésus avec ce parfum, puisqu’elle n’avait pas eu le temps de le faire avant que l’on dépose le corps de Jésus au tombeau en raison de la nuit tombante. Aussi, les mages nous disent quelque chose de cet enfant : il sera mis au tombeau, car il est venu sauver les hommes du péché et de la mort, en donnant sa vie sur la Croix. Autrement dit, cet enfant roi et Dieu est aussi le Sauveur. C’est sa mission : il vient sauver l’humanité. D’ailleurs, le nom de Jésus veut dire : Dieu sauve. Tout est dit. Déjà à la crèche, tout est révélé en filigrane, bien sûr. 

Quel étonnement pour Marie et Joseph, de voir arriver ces étrangers richement vêtus, venus de très loin, pour se prosterner devant un petit enfant pauvre parmi les pauvres, qui n’a pas d’autre demeure qu’une crèche, qu’une mangeoire d’animaux dans une étable ! Quel étonnement de voir ces savants et puissants venus s’abaisser devant ce qu’il y a de plus petit et pauvre parmi les hommes ! Quel étonnement de voir des étrangers venir adorer un tout petit bébé d’un tout petit peuple au milieu des troupeaux d’animaux, ou du moins de l’endroit approprié pour leur demeure ! Qui aurait pu imaginer un seul instant un tel événement ? Qui aurait pu imaginer que Dieu puisse choisir de se manifester dans une étable, en tout petit enfant, devant des hommes savants et puissants, prosternés, à genoux, offrant des cadeaux ? 

Oui tel est le mystère de l’Epiphanie, car ce mot veut tout simplement dire : manifestation de Dieu. Oui, Dieu, sous la figure d’un humble enfant, s’est manifesté à la face du monde dans la pauvreté et l’humilité d’une étable ! Quel contraste entre la puissance divine du Créateur, donnant à l’homme d’observer une oeuvre  prodigieuse et gigantesque qu’aucune technicité ne peut saisir dans son ensemble, et l’humilité du même Créateur devenant Sauveur, qui a résolument choisi la petitesse, la bassesse pour vaincre les plus grands ennemis de l’homme : le péché et la mort. Les moyens de Dieu nous déroutent et c’est aussi pour cela que nous ne pouvions imaginer une telle scène. La Vierge Marie avec saint Joseph sont aux premières loges pour observer, méditer et contempler un tel événement grandiose : le salut qui commence à la crèche. 

Chers amis, à l’aube de cette nouvelle année, qui commence avec les grisailles continuelles et habituelles marquant la vie des hommes, charriant année après année leurs malheurs plus ou moins grands, mais qui ne manquent pas de plonger dans le désespoir nombre de nos contemporains, l’actualité de la crèche de Bethléem nous appelle au sursaut de l’Espérance. Oui, quand les désespoirs gagnent les coeurs, c’est l’Espérance chrétienne, que l’enfant Jésus est venu nous apporter, qui doit poindre et grandir dans nos coeurs. C’est à tous, que je vous souhaite à l’aube de cette nouvelle année, un sursaut dans l’Espérance, afin que la grâce habite vos coeurs. Bonne et sainte année à tous ! Que Dieu vous bénisse et que, par l’intercession du Coeur immaculé de Marie, Dieu établisse sa demeure dans vos coeurs ! 

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