L’édito de la semaine, le 18 Septembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (18 Septembre 2022 25ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » (Lc 16,9). Oh surprise, Jésus fait l’éloge d’un escroc habile ! Cependant, ce n’est pas pour sa malhonnêteté qu’il loue le gérant escroc, mais pour son habileté. Cette habileté est mise en oeuvre pour se faire des amis, afin de ne pas se retrouver à la rue lorsque son maître le mettra à la porte de sa gérance. C’est en cela que Jésus le loue, pour montrer à ses disciples qu’il faut faire preuve d’habileté pour se faire des amis du ciel. De fait, si dans la malhonnêteté avec l’argent, le gérant a pu se faire des amis, à plus forte raison dans l’honnêteté avec Dieu, nous pouvons nous faire des amis pour le ciel. 

En fait, Jésus dans cette parabole met en avant deux choses : l’habileté du gérant malhonnête, qui s’est fait des amis avec l’argent trompeur : « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » (Lc 16,9), et la malhonnêteté de ce gérant qui brise la confiance : « Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? » (Lc 16,11-12). Autrement dit, Jésus loue l’habileté de ce gérant, mais il le condamne pour sa malhonnêteté, qui ne peut que briser la confiance. De fait, s’il est malhonnête pour l’argent, ce bien inférieur, qu’en sera-t-il pour le bien supérieur : « Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. » (Lc 16,10) ? Si pour de l’argent, il est malhonnête, ne le sera-t-il pas pour le gain du ciel ? Si je trompe les hommes, comment ne tromperai-je pas Dieu ? Si je trompe les autres, comment moi-même, serai-je assuré de ne pas être trompé par les autres : « Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? » (Lc 16,12) ? On le voit bien où Jésus veut en venir : il va sans dire que l’on ne peut être malhonnête dans de petites choses sans l’être dans de grandes. Le mal ne peut aboutir à un bien et ne peut donc conduire à accueillir le vrai bien. La malhonnêteté, qui est donc toujours un mal, vient du mensonge, il répète celui du serpent de la Genèse, qui ose faire passer un mensonge pour la vérité et ne peut aboutir qu’au désastre. En revanche, l’habileté est la marque de celui qui cherche à tout prix quelque chose, même un mal qu’il prend pour un bien, comme c’est le cas pour le gérant malhonnête. Il en va de même, à plus forte raison, pour la recherche de la vérité et du bien. Quand nous désirons un bien, ne mettons-nous pas en avant tout ce qui est nécessaire pour l’accueillir ? Comment pourrions-nous dire au Seigneur que nous l’aimons, si nous ne mettons pas tout le zèle pour le chercher ? Un bien que nous désirons à tout prix et pour lequel nous nous efforçons à soulever terre et ciel pour l’avoir, ne nous procure-t-il pas une grande joie, bien plus grande, que si nous ne nous sommes donnés aucun mal pour l’accueillir ? Pour le bien du ciel, il en va de même, et même plus, il en dépend de la grandeur de ce bien, car celui-ci n’est autre que l’amour de Dieu : plus il sera fort et plus il m’en aura coûté pour le chercher, plus il sera intense et source de bonheur, puisque le bien du ciel, n’est pas tant de l’ordre de la jouissance de la possession comme on possède un bien, que dans la jouissance de partager le bonheur de Dieu qui est le bien même du ciel.

Bien sûr, la Vierge Marie, plus que quiconque a vécu cette recherche de Dieu en toute chose. Son honnêteté et son habileté ne peuvent qu’être louées, car en elle tout se rapporte à Dieu, sans aucune rupture de son quotidien avec la recherche de Dieu. C’est le dernier point que l’on peut mettre en avant : ce que nous faisons ici-bas, aussi petit que ce soit, n’est pas étranger à l’orientation de notre vie pour le salut et l’accueil du bonheur éternel. Autrement dit, il n’y a pas une vie sur la terre qui serait coupée, séparée, de notre recherche intérieure de Dieu. Cette recherche de Dieu conduit à unifier notre vie, à faire de chaque instant un moment de louange et d’action de grâce à l’amour de Dieu, qui ne cesse de nous aimer d’un amour infini. A l’école de la Vierge Marie et des saints, nous pouvons trouver en eux des modèles, qui nous invitent à chercher le vrai chemin nous conduisant à vivre de Dieu, et cela pour notre plus grand bonheur, même si nous pouvons traverser de grandes épreuves.

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