L’édito de la semaine, le 18 Décembre 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (18 Décembre 2022, 4ème Dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (Mt 1,20) dit l’ange du Seigneur en songe à Joseph. Au lieu de dénoncer publiquement Marie enceinte avant même qu’il l’avoir accueillie sous son toit, ce que demande la loi ; Joseph, homme juste, avait formulé le projet de répudier son épouse en secret et pour plusieurs raisons. La première, et qui paraît évidente dans les circonstances de l’époque pour une femme enceinte sans être mariée, c’est que Joseph voulait épargner à son épouse une mort certaine. La loi ancienne, (cf. Dt 22, 20-21) pour une femme considérée comme adultère, n’avait d’autre sanction que la lapidation. Cela changera par la suite par un simple acte de répudiation et non plus une lapidation. A cette époque, le mariage comportait deux phases. La première phase, pendant une période d’un an, l’épouse, bien que mariée, restait sous le toit de son père. Puis avait lieu le transfert de l’épouse dans la maison de son mari. Ainsi, même si Marie n’habitait pas encore avec Joseph, elle était déjà mariée à son époux. La seconde, Joseph, homme juste, pensait que son épouse n’avait pas commis d’acte répréhensible pouvant justifier la mort, c’est pourquoi il s’opposait à la dénoncer publiquement. Il avait confiance en elle, et par conséquent, il pouvait penser que cet enfant pouvait relever du mystère de Dieu et ne pas venir d’un homme. De fait, si la loi condamnait les femmes adultères, comment Joseph, homme juste et pieux et donc soumis à la Loi, aurait pu s’y opposer, sinon penser qu’elle ne l’était pas ? Saint Matthieu nous dit que Joseph préféra une répudiation en secret. : « Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. » (Mt 1,19). La troisième raison, Joseph, homme juste, avait décidé de renvoyer Marie en secret, non pas parce qu’elle aurait eu un moment d’égarement et que prise de pitié pour elle, il aurait voulu lui éviter la mort, mais parce que n’étant pas le père de l’enfant, il n’a aucun droit sur lui et qu’il ne peut ainsi contrarier le projet de Dieu sur elle et laisser entendre à tous qu’il est le vrai père de l’enfant. Joseph, homme juste, veut rester à sa place et incarne dans sa décision l’humilité de l’humble serviteur de Dieu. Aussi, lorsque l’ange du Seigneur vient le visiter en songe dans son sommeil, il ne peut qu’aussitôt mettre le plan de Dieu a exécution. Il ne discute pas le mystère, il le reçoit. Il n’a pas de doute, car l’ange lui révèle ce que la Sainte Écriture annonçait depuis plusieurs siècles, en la parole du prophète Isaïe : « Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». (Mt 1,23). Tout cela révèle la grandeur et la profondeur de l’humble Joseph, fidèle intendant du Seigneur, le très chaste époux de la Vierge, car il est celui qui n’a d’autre ambition que d’accomplir l’oeuvre et la volonté de Dieu. Sa grandeur est à l’image de sa profondeur, de son humilité. Sa chasteté est à l’image de la profondeur de son amour. Saint Joseph ne pouvait pas ne pas être le gardien de la Sainte Famille comme celui de la Sainte Eglise. En lui, à l’image de la Mère de Dieu, le silence habite son coeur, car Dieu l’habite en profondeur. Parce qu’elle vient tout droit de Dieu, il manifeste le mystère de la vraie paternité en ce monde où elle est bien mise à mal par la multitude des scandales et des comportements hautement répréhensibles qui ne cessent de dénaturer le mystère de l’amour, ravalé à un débridement hors de tout contrôle des pulsions primaires de l’homme. Alors que la société enfourche le cheval de bataille, de revendications en tout genre de libéralisation des moeurs, conduisant inéluctablement à une sorte de déshumanisation de l’homme qui ne semble plus trouver d’autre bonheur que le droit de faire toutes les expériences possibles et imaginables, qui au bout du compte ne laissent qu’un grand vide dans les coeurs, saint Joseph nous donne, au contraire, l’exemple de la grandeur d’un homme : aimer en se donnant, en ne cherchant qu’à servir Dieu et son prochain et n’ayant d’autre but que de connaître et faire la volonté divine. C’est sa devise, car c’est le secret du bonheur : être aimé de Dieu qui n’a d’autre but que de faire partager son amour et d’aimer à la manière de Dieu, qui donne la paix et la joie spirituelles.  

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