L’édito de la semaine, le 17 Octobre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (17 Octobre 2021 – 29ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10,43-45). L’échelle des valeurs est inversée par rapport à celle du monde : la grandeur d’un homme se mesure à sa capacité de se mettre au service des autres non pas pour se faire valoir, mais dans l’humilité du don désintéressé de lui-même, simplement pour s’inscrire dans les pas du Christ. Celui qui s’engage pour se donner aux autres, celui qui se donne sans compter, celui qui renonce à lui pour se donner, celui qui permet à l’autre d’exister, celui qui veut servir au lieu de commander en maître, celui qui préfère subir que de se venger, tout cela est la marque du vrai disciple de Jésus. Qu’a-t-il montré de plus grand, Jésus, sinon sa Croix, celle qui sauve l’homme du péché et de la mort ? Qu’a-t-il proposé à ses disciples comme parcours, chemin de vie, sinon sa Croix ? N’a-t-il pas dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. » (Mc 10, 38) ? Inconscients qu’ils sont, les disciples répondent par l’affirmative sans comprendre la portée réelle de la question de Jésus. Leur « oui » a tout l’air de celui d’un enfant qui ne mesure pas la portée de ses paroles et leurs conséquences. Même si, de fait, ils vont boire la coupe du salut, autrement dit ils vont témoigner en versant leur sang, à l’exception de saint Jean, ils ne mesurent pas la gravité du mystère de la Passion du Christ. Ils rêvent d’honneur alors que Jésus leur parle de Croix et de souffrance. Ils rêvent de pouvoir alors que Jésus leur parle de servir en donnant sa vie, en versant des larmes de souffrance et de sang. 

Alors la question qui peut surgir de nos lèvres : mais, Seigneur, pourquoi Croix et souffrance alors que, toi, tu es tout puissant ? Pourquoi dois-tu souffrir et mourir alors que tu pourrais changer le mal en bien en un instant, économisant souffrances et larmes ? Pourquoi tout cela ? 

La réponse de Jésus serait tout simplement : Mais mon enfant, il s’agit d’amour. Il s’agit de mettre de l’amour là où il n’y en a pas. Il s’agit de changer les coeurs de pierre en coeurs de chair. Il s’agit pour l’homme d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu. 

Alors, Jésus nous renverrait la question : Comment pourras-tu aimer, accueillir mon amour, si tu ne commences pas par renoncer à toi, pour laisser toute la place dans ton coeur à mon amour ? Comment pourras-tu faire vivre ma miséricorde dans ton coeur si tu ne renonces pas à ta volonté pour que la mienne s’inscrive en toi et t’apporte la joie du ciel ? Ne crois-tu pas que c’est ton éloignement de moi, l’orgueil et la suffisance qui ont fermé la porte de ton coeur à ma miséricorde ? Comment réouvrir cette porte fermée, si moi, Jésus, je ne commence pas prendre tout sur moi, dans ma Croix, pour que tu puisses découvrir dans le renoncement à ma vie, le chemin du salut pour toi, le chemin de l’humilité qui te fait reconnaître l’enfant que tu es pour accueillir le précieux cadeau de mon amour ? Ne crois-tu pas que si la Croix n’entre pas dans ta vie, tu te rends incapable de percevoir la grandeur de la miséricorde divine pour l’homme que tu es ? La Croix est entrée dans la mienne non par besoin pour moi, mais pour que tu puisses découvrir le don de ma miséricorde.

Tout l’Evangile nous montre la gratuité du don de la miséricorde de Dieu sans cesse repoussée par un mur de haine et d’orgueil de la part des anciens et des scribes, des pharisiens et des docteurs de la loi. Le problème n’est donc pas l’impuissance de Dieu qui aurait pu s’économiser la Croix, mais avec le coeur fermé des hommes, la Croix devient la réponse de Dieu comme remède à la misère des hommes.

La Vierge Marie, au pied de la Croix, la toute pure, sainte et immaculée, en a fait la douloureuse expérience avec son coeur transpercé par le glaive de douleurs. Elle aussi n’en a pas fait l’économie. Notre mère ne pouvait pas ne pas rejoindre, par sa souffrance de mère, les coeurs affligés de ses enfants, que nous sommes.

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