L’édito de la semaine, le 16 Janvier 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (16 Janvier 2022, 2ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jn 2,4) dit Jésus à sa mère. Sa réponse peut paraître surprenante. Que veut-il dire ? De quelle heure parle-t-il ? Il s’agit de l’heure de consommer son sacrifice, ce pourquoi il est venu, l’heure de donner sa vie en sacrifice sur la Croix, l’heure de verser son sang, autrement dit l’heure des noces de l’Agneau de Dieu. De fait, Jésus et Marie sont présents à des noces, et ce au tout début de la vie publique de Jésus, à quelques semaines de son baptême par Jean le Baptiste dans le Jourdain. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jésus fait cette réponse à sa mère qui semble ne donner qu’une information : « Ils n’ont pas de vin. » (Jn 2,3). A ces noces, il semble manquer l’essentiel, car sans vin le marié se trouve dans un embarras extrêmement gênant, au point d’attirer la honte sur lui et l’inconvenance d’une telle situation. La Vierge Marie ne semble pas s’offusquer de la réponse de son Fils. Elle est là pour lui demander d’agir. N’est-elle pas celle qui ne cesse d’intercéder auprès de son Fils ? N’est-elle pas celle que l’on appelle au secours lors de situations de détresse, celle que l’on invoque avec son chapelet, son rosaire, pour lui demander de nous aider à grandir dans la confiance et l’abandon auprès de son Fils ? Marie n’a-t-elle pas dit aux enfants à Pontmain le 17 Janvier 1871 : « Mon Fils se laisse toucher. » ? Oui, la Vierge Marie, déjà dès le début de la vie publique de son Fils, prend à coeur son rôle de mère auprès de ses enfants que nous sommes : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2,5). Elle anticipe le rôle que son Fils lui assignera sur le bois de la Croix : « Femme, voici ton Fils. » (Jn 19,26) Elle agit de manière particulière dans l’accomplissement de l’oeuvre du salut, puisque, de fait, il s’agit bien de donner un avant-goût de « l’heure » dont parle Jésus en répondant à sa mère, un avant-goût de ce que seront ses noces, celles de l’Agneau de Dieu avec son épouse, la Sainte Eglise, unie à tout jamais sur le bois de la Croix, en versant son sang, le signe de l’alliance éternelle avec l’humanité. Il s’agit bien, avec le vin nouveau, bien meilleur que l’ancien, de donner le signe que cette alliance du Fils de Dieu, de l’Agneau de Dieu avec l’humanité, avec son Eglise, du divin Epoux avec sa sainte épouse, va être scellée dans son sacrifice célébré sur le bois de la Croix. Ce sacrifice va réclamer le sang d’un Dieu fait homme, le sang principe de vie, siège de l’âme pour tout bon juif. Ce sang prend le signe du vin lors des réjouissances de fêtes au cours d’un mariage, de telle sorte que son absence semble tourner au désastre, donnant l’impression d’une impréparation, d’un scandale d’un époux imprévoyant. Or, coup de théâtre, après que Jésus ait dit : « Remplissez d’eau les jarres… Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » (Jn 2,7.8), voilà que le maître du repas, ignorant la transformation de l’eau en vin, interpelle le marié : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » (Jn 2,10). Oui, le vin nouveau est meilleur que l’ancien, car la nouvelle alliance scellée dans le sang d’un Dieu fait homme est bien meilleure que la première alliance, d’un peuple infidèle à son Dieu. Désormais, Jésus, l’Epoux des noces, célébrera les noces éternelles, celles qui ne pourront être défaites, celles qui scelleront le salut de l’humanité, car son épouse sera sanctifiée, rendue pure sainte et immaculée par son précieux sang (cf. Eph 5,27). Cela aura lieu, trois ans plus tard, quand son heure sera arrivée. Quant à l’heure des noces de Cana, les disciples, qui, pour la première fois, assistent à un signe que Jésus pose de sa puissance divine, vont croire en lui. C’est la troisième Epiphanie, la troisième manifestation de Dieu, l’inauguration des signes que Jésus va poser jusqu’à l’accomplissement de « son heure. » 

A l’aube de cette nouvelle année, ne perdons pas confiance devant les incertitudes de la vie, devant les situations angoissantes dans lesquelles l’humanité ne cesse d’être plongée. Soyons-en sûrs, la Vierge Marie est là pour intercéder auprès de son Fils. Il suffit de l’écouter : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2,5). Alors, comme le maître du repas, nous pourrons dire : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » (Jn 2,10). Oui, alors les désespoirs et les désillusions de ce monde laisseront place aux fruits de l’Espérance chrétienne, le vin nouveau, celui qui égaie nos coeurs pour l’éternité.

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