L’édito de la semaine, le 15 Octobre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (15 Octobre 2023, 28ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ » (Mt 22,12) dit le roi à l’homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Mais, celui-ci garda le silence. Qu’est-ce donc ce vêtement de noce ? Que veut dire la parabole ? 

Jésus s’adresse aux grands prêtres et aux pharisiens. Il leur conte une parabole pour exprimer le mystère du royaume des Cieux. Cette parabole met en scène les noces du fils du roi. Il s’agit précisément des noces de l’Agneau de Dieu, du Fils de Dieu, autrement dit de Jésus lui-même, avec l’humanité. Or, les invités à la noce, censés être les plus proches du roi et de son fils (comme pour tout mariage, on invite sa famille et ses proches), à commencer par ceux qui suivent la Loi de Moïse, ceux qui se disent adorant le vrai Dieu, refusent l’invitation. Plus que cela, certains vont jusqu’au meurtre des serviteurs (Cf Mt 22,6). Jésus ne dira-t-il pas aux pharisiens et chefs des prêtres : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! » (Mt 23,37). De même, saint Etienne, avant d’être lapidé par ces hommes furieux ne dit-il pas : « Y a-t-il un prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? » (Ac 7,52). Jésus désigne ces grands prêtres et pharisiens comme des invités qui n’en sont pas dignes : « ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. » (Mt 22,8). On peut imaginer la colère monter dans le coeur de ces auditeurs qui veulent en découdre avec Jésus. Puisque cette élite, imbue d’elle-même, méprisante pour le peuple ignorant, refuse l’invitation, le roi se tourne vers les autres, les laissés-pour-compte, au bord des chemins et à la croisée des carrefours, autrement dit le tout-venant, pour les inviter à la noce de son fils : « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce. » (Mt 22,9). Une fois la salle remplie, le roi voit l’un des convives qui ne porte pas le vêtement de noce. Ce détail est d’une importance cruciale, car sans vêtement de noce, il ne peut rester, il n’est pas digne d’être l’invité des noces du fils du roi. De fait, le fils du roi célèbre ses noces avec l’humanité, autrement dit l’ensemble des convives. Or, sans le vêtement de noce, il n’y a pas de grâce dans le coeur de l’invité. Ce qui veut dire que celui-ci ne veut pas accueillir l’époux, le fils du roi, dans son coeur. Autrement dit, il refuse le salut en fermant son coeur. L’image des noces pour parler du royaume des Cieux est l’une des plus appropriée, car elle met justement en valeur ce qui est l’essence même du royaume des Cieux : vivre de l’amour du Fils de Dieu d’un amour qui ressemble à l’image de ce qu’une jeune épouse peut éprouver d’amour pour son jeune époux le jour de ses noces. De fait, à priori, rien ne semble plus parlant et plus profond que l’amour de deux êtres célébrant leurs noces. Or l’attitude des pharisiens et grands prêtres est tellement empreinte d’orgueil et de suffisance qu’elle parait être à des années-lumière de la profondeur de la réalité du mystère du royaume des Cieux. 

Là, il faut beaucoup insister sur cette caractéristique absolument essentielle du royaume des Cieux : il s’agit d’un mystère d’amour, de véritables noces entre l’Agneau de Dieu, qu’est Jésus, et chacun de nous. Nous sommes l’épouse du Christ, et Jésus attend de son épouse un don tout entier d’elle, une confiance et un abandon sans limite. Non sommes très loin des mérites à faire valoir ou bien d’une récompense pour bonne conduite ou encore d’un droit à revendiquer et d’un devoir que Dieu devrait acquitter à l’homme. Non, tout est dans l’amour, mais pas n’importe quel amour, celui qui va jusqu’au don de soi : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13). On comprend ainsi l’exigence que Jésus fixe aux hommes pour hériter du royaume des Cieux : tu es appelé à aimer, mais pas aimer de manière abstraite Dieu que tu ne vois pas, plutôt aimer Dieu dans le prochain que tu vois, en l’aimant comme un frère, car lui aussi est aimé du même amour que je t’aime. 

En cela la Vierge Marie, au pied de la Croix, dans une souffrance innommable, devant son Fils avili par la souffrance et un coeur meurtri par tant de haine, accepte, que tous les hommes pour lesquels son Fils est mort, d’en faire ses propres enfants, les aimer comme tels, car désormais, le moindre des hommes est devenu son fils. La douleur du glaive dans son coeur, qui dépasse ce que l’on peut imaginer, est le signe du mystère d’amour de cette mère, qui par la Croix est devenue la mère de l’Eglise et donc des hommes que nous sommes. La prière, et notamment la récitation du Rosaire, tant encouragée par les papes, nous permet d’entrer dans la profondeur de ce Coeur Immaculé, qui en ne cessant de boire à la source vive du Coeur Sacré de son divin Fils, nous permet par sa prière et son aide de nous substanter de l’aliment de vie.

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