L’édito de la semaine, le 15 Mai 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (15 Mai 2022 5ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35). La parole de Jésus ne peut être plus claire. C’est l’accent sur lequel Jésus veut insister : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). De fait, il n’y a pas d’autre commandement nouveau dans l’Evangile, de même qu’il n’y a pas d’autre témoignage aussi marquant que celui de l’amour. Les premiers siècles de l’ère chrétienne voient abonder de manière conséquente le nombre de martyrs, qui laissent au monde le témoignage de deux amours irréductiblement liés, à savoir l’amour pour le Christ et l’amour pour leurs bourreaux. Il suffit de penser au premier d’entre eux saint Etienne, qui crie vers Dieu avant de rendre son dernier souffle sous le jet des pierres : « Père, ne leur compte pas ce péché. » (Ac 7,60). 

Ainsi, le but de notre vie chrétienne est tout tracé. A la question : que dois-je faire pour parvenir au royaume de Dieu ? La réponse est claire « c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). En conséquence, deux choses sont à retenir : le contenu : « aimez-vous les uns les autres » et la manière : « comme je vous ai aimés. » L’un ne va pas sans l’autre, car l’un éclaire l’autre. De fait, le « comme je vous ai aimés » donne le sens de ce qu’est « aimez-vous les uns les autres. » 

Ainsi, aimer pour Jésus, c’est donner sa vie. C’est donc un acte de volonté, pas d’abord un sentiment, mais bien un acte de volonté. Il n’y a donc pas d’amour sans acte de volonté, bien qu’il puisse y avoir de l’amour sans sentiment. Ce n’est donc pas tant ce que j’éprouve qui est important, que ce que je donne et reçois, puisque l’amour va jusqu’au don de ma vie et donc également l’accueil du don de l’autre. Le « comme je vous ai aimés » en est la plus belle illustration. Qu’est-ce que Jésus pouvait-il donner de plus que sa propre vie ? Rien, bien sûr. Nous sommes dans la radicalité du don, et c’est à ce prix-là que Jésus nous a aimés et nous appelle à vivre de ce même amour entre tous. Peut-être pouvons-nous penser que cela est impossible à vivre pour beaucoup d’entre nous ! Cela semble dépasser nos forces. Oui, bien sûr, cela semble impossible, ce qui est vrai sans la grâce. Or la vertu de charité reçue lors de notre baptême nous donne la grâce de le vivre. C’est l’autre aspect du commandement du Seigneur que nous devons prendre en compte. Je dois donc m’efforcer à tout mettre en oeuvre pour y parvenir et me dire que si je ne lutte pas à chaque instant contre mon ennemi, et en la matière, c’est bien moi, et que je ne me nourris pas de la grâce de Dieu, que je reçois de manière privilégiée dans les sacrements, le but à parvenir va devenir impossible. Aussi, faut-il ajouter, que ce n’est pas une mission impossible, car Dieu ne demande jamais à qui que ce soit quelque chose d’impossible à accomplir. Effectivement, s’il demande cela à tous, et non pas à une élite, mais bien à tous, c’est qu’avec sa grâce, qu’il ne faut jamais oublier, tout est possible. L’amour est, certes, ce qu’il y a de plus dur à vivre, mais c’est ce qu’il y a de plus naturel et excellent, puisque nous sommes créés par amour et pour l’amour. Fortifiés par la grâce, la vertu de charité en acte poussée par la foi et l’espérance qui leur donnent des ailes, tous peuvent emprunter le chemin de sainteté. Il n’a jamais été un chemin de facilité pour qui que ce soit. Les saints ont dû se battre contre eux-mêmes et se laisser porter par la grâce. 

La Vierge Marie, qui est au sommet de la sainteté, a du aussi livrer un rude combat contre les ennemis du Christ, à savoir le démon et le péché des hommes, elle qui s’est vue confier par son Fils chacun des hommes comme son propre enfant. Une mère ne souffre-t’elle pas de voir son enfant s’égarer loin de ce qu’elle considère comme un bien ? Comment la Vierge Marie pourrait-elle demeurer étrangère à notre bonheur, elle qui nous aime comme son propre enfant et qui n’a qu’un désir, au prix de nombreuses souffrances qu’elle a vécues sur la terre, de nous mettre dans les bras de son Fils ? En elle, nous avons la plus fidèle des mères et la meilleure avocate qui ne cesse de plaider notre cause auprès de son divin Fils.

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