L’édito de la semaine, le 14 Novembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (14 Novembre 2021 – 33ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » (Mc 13,31). Jésus nous révèle que ses paroles sont éternelles. Elles ne peuvent passer car elles sont celles de Dieu. Tout ce que nous observons, tout ce que nous palpons, touchons, ce que nos sens appréhendent, tout cela aura une fin. Tout ce qui fait l’objet de nos certitudes liées à ce monde, tout cela passera. Il y a une différence absolue entre le Créateur et ses créatures. Le premier ne peut pas ne pas être. Les secondes auraient pu ne jamais voir le jour. Seul Dieu est, les créatures ne le sont que parce que Dieu leur donne d’être. Quand Jésus parle, sa parole a valeur d’éternité, elle concerne non pas seulement le proche futur, mais bien l’éternité. L’éternité n’est pas un temps qui ne s’arrête pas, mais bien un éternel présent, de telle sorte que tous les temps (passé, présent et futur) sont comme une goutte d’eau face à l’intemporalité de l’éternité. Soyons sans crainte, il n’y a donc aucun risque de s’ennuyer au ciel, puisqu’il n’est pas un temps qui défile à n’en plus finir. Il y a une dimension de plénitude, que le coeur humain ne saurait épuiser, car le ciel est à la dimension de la perfection de la plénitude divine. Le ciel, pour faire court, c’est la vie en Dieu, c’est pour les hommes une vie déifiée par le moyen de la grâce. Ainsi, on peut comprendre quelque peu ce que Jésus veut dire lorsqu’il dit que ses paroles ne passeront pas. Elles nous introduisent dans l’éternité de Dieu. Elles sont la traduction orale du mystère qu’il est venu accomplir ici-bas : faire entrer dans le sein de Dieu l’humanité tombée dans le péché par une volonté contraire à celle de Dieu. Ces paroles veulent toucher le coeur de l’homme pour qu’il s’y attache, pour qu’il choisisse le vrai chemin qui conduit à ce que son coeur réclame, pour que son intelligence soit éclairée par le Verbe de Vie, la Vérité, parlant à l’oreille de son coeur, pour que sa volonté désire le vrai bien qu’elle cherche inlassablement et qu’elle ne peut trouver vraiment ici-bas, en dehors de ce que le Seigneur lui montre. 

« Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier… De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. » (Mc 13,28.29). Jésus en appelle donc à notre discernement pour guetter les paroles du Seigneur qui parlent à notre coeur. Il nous invite à mettre notre confiance, non pas sur les certitudes de ce monde qui passent, mais bien sur sa parole qui ne passe pas. Il nous invite à bâtir notre vie sur ce qui demeure et non pas sur l’immédiateté du présent qui reste éphémère. Il nous invite à faire de notre vie une préparation à la grande rencontre avec lui, en cultivant les vertus de foi, d’espérance et de charité, afin que nous ne soyons pas surpris lorsque viendra le dernier jour. Trop souvent, on pense que la fin du monde ou bien notre propre mort (qui est la fin du monde pour nous) est ou sera un moment catastrophique. La parole du Seigneur nous donne une autre image. Elle nous invite plutôt à veiller pour être prêt et nous réjouir de ce que nous attendons au plus profond de notre coeur. La grande rencontre pour l’homme qui désire ce que Dieu veut ne peut être que le début d’un commencement sans fin d’un bonheur plénier. 

La Vierge Marie et les Saints ont tous désiré ardemment le jour où ils pourront voir la face de Dieu et ils ont fait de leur vie une longue préparation pour ce moment décisif, qui implique une vie donnée, une vie de charité, une vie d’humilité, une vie d’espérance, au-delà des désillusions des désespoirs. Ils sont nos modèles, mais aussi nos auxiliaires qui prient pour nous. 

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