L’édito de la semaine, le 12 Décembre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (12 Décembre 2021 – 3ème dimanche de l’Avent) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Que devons-nous faire ? » (Lc 3,10). Tous ceux qui viennent à Jean le Baptiste, lui posent cette question. La réponse du prophète n’est autre que l’exercice de la charité : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » (Lc 3,11). « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » (Lc 3,13). « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » (Lc 3,14). Tous sont interpellés par cet homme, au point de se demander s’il n’est pas lui-même le Messie que le peuple attend. Il parle à leur coeur et leur révèle que celui-ci doit se préparer à accueillir Celui qui baptise « dans l’Esprit Saint et le feu. » (Lc 3,16). Notre coeur est le terrain de conquête du Messie. Notre coeur doit niveler les montagnes et combler les ravins pour que les chemins tortueux de celui-ci en prise à l’orgueil et la suffisance fassent place à l’humilité et la charité. C’est ainsi que l’Esprit Saint et le feu peuvent le marquer de la présence aimante de Dieu, laquelle passe nécessairement par une conversion du coeur, un retournement de celui-ci vers l’accueil d’un plus grand que lui. Tout l’enjeu du salut repose sur cet accueil, sur l’amendement de notre coeur envers un Autre qu’il reconnait comme son sauveur, le Sauveur, Celui qui vient apporter ce que réclame notre coeur : la présence aimante de Dieu. Aussi, la manière de la venue de Jésus en ce monde, de l’offrande de sa vie sur la Croix, témoignent comment Jésus vient dans notre coeur : l’humilité d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’à se dépouiller, se faire pauvre, pour revêtir et enrichir de sa divinité l’homme, tombé dans l’orgueil, dans la prétention de ce qu’il ne peut être. Rappelons-nous le mensonge de Satan : « Vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. » (Gn 3,5). Cela n’est-il pas la racine de tous nos maux ? Cela n’est-il pas la guerre, et le mot n’est pas trop fort, que notre intelligence et notre volonté font subir à la santé de notre âme, comme si celle-ci s’était retournée contre elle-même, ne sachant plus ce qui est vrai du faux, ce qui est bon du mal ? Nos facultés spirituelles, orphelines de Dieu, leur maître, s’étant jetées dans les bras d’un mercenaire qu’est le diable, le diviseur (non seulement l’homme contre Dieu, mais aussi l’homme contre lui-même), sont à la recherche, dans leur errance, du bon Berger, de celui qui leur montre la vérité pour confondre le mensonge, le bien pour repousser le mal, donnant sa vie sur la Croix pour chasser la mort. Alors, tous réveillés par la prédication de Jean le Baptiste, cet ascète à la voix acerbe et convaincante, tranchante jusqu’à la jointure de l’âme, lui posent la question : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3,10). Oui, que devons-nous faire pour assouvir la quête de la vérité et du bien qui habitent notre  âme au plus profond d’elle-même ? La réponse de Jean le baptiste révèle que nous devons mettre en place un programme de rééducation de notre âme, fondé sur la charité, sur l’ouverture de notre coeur à Celui qui frappe à la porte, qui se fera connaître dans l’Evangile comme étant « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6), précisément Celui qui nourrit notre quête mais aussi, qui la comble au-delà de ce qu’elle réclame et même imagine. 

A l’approche de cette grande fête de Noël, de la douceur de l’enfant-Dieu qui après avoir habité le sein de la Vierge Marie, va habiter la crèche, la mangeoire de Bethléem, la ville du pain, donnant le signe à tous qu’Il est la nourriture de notre quête la plus intime, laquelle se donne dans l’humilité d’une humble demeure. Pardon pour le pléonasme, mais l’appui de la répétition du mot est bien volontaire, tant, Jésus, lui le plus humble des humbles, ne peut se révéler et se donner à un coeur qui ne cherche pas à s’abaisser. « Qui s’abaisse sera élevé, qui s’élève sera abaissé. » (Mt 23,12). La Vierge Marie n’a-t-elle pas dit : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » (Lc 1,52) ?

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