L’édito de la semaine, le 10 Septembre 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (10 Septembre 2023, 23ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. » (Mt 18,15-16) dit Jésus. De même, dans la même veine, dans la première lecture, le livre d’Ezéchiel, Dieu dit : « Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. » (Ez 33,8). Or, qui n’a jamais trouvé une certaine gêne à faire la remarque à son prochain, lorsque nous pensons que son acte ou sa parole n’est pas à propos ? Ou encore, qui n’a jamais pensé qu’une parole de reproche ne serait pas suivi illico presto d’une fin de non-recevoir ? Et pourtant, Jésus dans l’Evangile ou encore Dieu par la parole des prophètes, nous demandent d’agir envers notre prochain pour l’amener à un changement de conduite en vue du salut. C’est bien là, la vraie raison, le salut. Autrement dit, c’est le don de l’amour de Dieu, dans lequel tous les commandements de Dieu trouvent leur source, comme le dit saint Paul aux Romains dans la seconde lecture : « Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » (Rm 13,9-10). Ainsi, si Jésus nous commande de « faire des reproches » à un frère parce qu’il s’égare, pour autant, il ne nous demande pas de faire de la morale aux autres et encore moins d’humilier autrui, comme si nous étions au-dessus des autres et irréprochables. Il nous commande d’aimer, d’agir avec amour, de sorte que, lorsque nous faisons un reproche à une personne, parce que sa conduite n’est pas bonne et qu’elle va à l’encontre de ce que Dieu demande, nous soyons nous-mêmes en capacité de recevoir un reproche de notre prochain s’il s’avère que nous ne marchions pas droit selon l’Evangile. De fait, on ne peut pas faire des reproches aux autres, si nous-mêmes nous refusons qu’on nous en fasse. Autrement dit, ce que l’on pourrait appeler de la correction fraternelle exige d’aimer la personne comme un frère, de la même manière qu’un père ou une mère corrige son enfant par amour. La conséquence est que l’on ne peut pas faire des reproches à une personne que l’on n’aime pas. Ainsi, selon Jésus, faire des reproches, c’est aimer. Or, dans notre monde, il faut bien l’avouer, même chez nous les chrétiens, faire des reproches se traduit souvent par des manques de charité, car ils sont souvent l’expression d’une colère, d’une impatience ou d’un règlement de compte pour se soulager, accompagnés parfois, peut-être même souvent, de marques d’humiliations. Il va sans dire que non seulement l’effet est nul, ou quasi nul, pour aider son frère égaré à trouver le chemin du salut, mais, en plus, le rend plus compliqué pour nous-mêmes, lorsque nous nous laissons égarer par un manque de charité. 

Aussi, la Vierge Marie, quand elle vient visiter ses enfants, dans ses nombreuses apparitions ne fait-elle pas des reproches à ses enfants que sont les hommes s’égarant loin de Dieu ? Ne la voit-on pas pleurer, en 1846 à la Salette devant Mélanie et Maximin, quand elle décrit les actes impies et irrévérencieux des hommes qui vivent loin des commandements de Dieu ? Ou encore à Lourdes en 1858, ne la voit-on pas dire à la petite Bernadette : « Pénitence, pénitence, pénitence » ? Ou encore à Akita au Japon, en 1973, pour reprendre l’une des dernières apparitions de notre Mère du ciel reconnue par l’Eglise, dans la suite de Fatima, ne la voit-on pas révéler à une religieuse les graves divisions et désordres dans l’Eglise et dans le monde, prédisant de graves fléaux qui pourraient s’abattre sur le monde ? Ces fléaux ne sont que les conséquences d’une vie sans Dieu, un monde où l’homme se faisant son propre dieu qui ne peut qu’amener à la désespérance, tout cela parce que l’homme reste résolument sourd à l’appel à la conversion ? L’expression de saint Jean Paul II, « L’homme sans Dieu, c’est l’enfer pour l’homme » résume très bien ce que veut dire la Vierge Marie à ses enfants, mais aussi déjà ce que dit Jésus à ses disciples. Comme le disait le grand Saint François de Salles : « Rien par force, tout par amour. » Mettre l’amour de Dieu au coeur de la vie du croyant, c’est changer son coeur sur Dieu et sur les autres.

 

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