l’édito de la semaine, le 10 Octobre 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (10 Octobre 2021, 28ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Mc 10,26-27). Autrement dit, sans la grâce de Dieu, il est impossible d’entrer dans le royaume de Dieu. Pourtant, le jeune homme riche était près du but : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » (Mc 10,21). A tout considéré, c’est si peu, mais son attachement à ses richesses est tel que cela provoque en lui deux choses : il est tout triste et il part. Il préfère ses richesses au royaume de Dieu et cela provoque en lui de la tristesse. Cet épisode du jeune homme riche nous enseigne une réalité essentielle : personne n’est propriétaire du royaume de Dieu, personne ne peut revendiquer qu’il a les capacité requises, qu’il a un quelconque droit, qu’il peut faire valoir qu’il applique tel ou tel commandement et qu’il mérite le Royaume de Dieu. Non, il ne se mérite pas, car il est donné tout simplement par Jésus, par l’offrande de sa vie sur la Croix et que, par conséquent, il s’accueille dans la grâce. Et là, est la véritable pierre d’achoppement. En effet, la question n’est donc pas : est-ce que je mérite le royaume de Dieu ? mais plutôt : est-ce que je l’accueille avec un coeur disponible ? Le jeune homme riche pose la question à Jésus : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » (Mc 10,17). Jésus lui répond de faire le vide dans son coeur, pour laisser toute la place à Dieu seul. La réponse de Jésus n’est donc pas de faire quelque chose, mais plutôt de rendre son coeur disponible. C’est la radicalité de l’Evangile que Jésus nous livre et cela nous éclaire sur l’attitude du chrétien : il ne peut se réfugier derrière un pouvoir, une connaissance intellectuelle, un grade ou un statut pour faire valoir un quelconque privilège. Il n’y a pas de privilège pour les prétendants au royaume de Dieu. Il n’y a de la place que pour ceux qui l’accueillent d’un coeur généreux, en l’occurence ceux qui choisissent le chemin de sainteté, le chemin de l’humilité et de la charité. Les scandales sexuels, que des hommes d’Eglise ont pu commettre aux cours de ces dernières décennies, qui nous laissent tous dans un état de sidération et d’effroi, détruisant des vies, laissant des victimes dans un état de graves séquelles psychologiques, montrent que lorsque l’homme ne recherche pas la volonté de Dieu, surtout pour un homme qui a fait voeu de le faire, peut devenir un instrument du diable. Ces crimes contre des enfants sont le baiser de Judas, car ils s’attaquent à des innocents, au Christ lui-même : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40) et à l’épouse même du Christ, sa sainte Eglise, qu’il s’est unie à tout jamais sur le bois de la Croix, en la rendant pure, sainte et immaculée : « Il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tâche, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. » (Eph 5,25-27). L’Eglise est salie par ces ministres criminels, car ils se sont comportés en mercenaires des brebis et non pas en pasteurs. C’est l’esprit du monde, qui a perverti le coeur de ces ministres, lequel esprit pousse l’homme à toujours posséder plus et jouir plus, à mettre en avant ses avoirs et ses pulsions. La vraie réponse à ces crimes abominables est toujours la même, comme ne cessait de le dire le saint pape Jean-Paul II : ouvrez grand les portes au Christ. C’est lui, Jésus, la réponse à la décadence, c’est lui qui peut changer le coeur des bourreaux, s’ils veulent bien ouvrir leur coeur. C’est lui le consolateur des innocents, qui peuvent trouver dans le coeur de Jésus le soutien et le réconfort de celui qui seul comprend toute souffrance, car il les a vécues dans sa Croix. 

A Fatima, la sainte Vierge Marie a invité les petits pastoureaux à prier le Coeur Sacré de Jésus et le Coeur Immaculé de Marie, pour les soulager des outrages et sacrilèges commis contre les deux coeurs. Dans ces outrages et sacrilèges, il y la pédocriminalité, il y a les crimes contre les innocents, il y a les péchés effroyables de ceux qui ont consacré leur vie au Christ. Comme le disait le pape Benoit XVI dans l’avion qui l’emmenait à Fatima lors de son pèlerinage en mai 2010, lors de l’année consacrée au sacerdoce qui a vu naître les nombreuses révélations de crimes de pédophilies commis par des prêtres, les pires ennemis de l’Eglise ne sont pas à l’extérieur, mais bien à l’intérieur : « Les souffrances de l’Eglise viennent de l’intérieur même de l’Eglise, du péché qui existe dans l’Eglise. Cela aussi on l’a toujours su, mais nous le voyons aujourd’hui de façon réellement terrifiante : la plus grande persécution contre l’Eglise ne vient pas d’ennemis du dehors, mais elle naît du péché dans l’Eglise, et l’Eglise a donc un profond besoin de ré-apprendre la pénitence, d’accepter la purification, d’apprendre d’une part le pardon mais aussi la nécessité de la justice. Le pardon ne remplace pas la justice » Nous pouvons prier pour les victimes de ces crimes et pour les bourreaux afin que les coeurs trouvent sur leur chemin le Christ, lui qui guérit les coeurs : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28).

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