L’édito de la semaine, le 1er Août 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (1er Août 2021 – 18ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6,35). Quel mystère ! Un mystère que beaucoup de disciples de Jésus auront bien du mal à croire. De fait, beaucoup, à ce moment-là, vont cesser de le suivre (cf. Jn 6,66). Les miracles de la multiplication des pains, les guérisons et autre signes que Jésus a pu accomplir, rien n’y fait, malgré le martelage de son discours : « Je suis le pain de vie », Jésus ne convainc pas. A la fin, ne resteront que les plus proches, de telle sorte que Jésus posera la question aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6,67). Pierre fera cette réponse toute emprunte d’amour envers son Sauveur : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6,68-69).

Le mystère de l’Eucharistie constitue une pierre d’achoppement de la foi. Tant que les miracles sont éblouissants, nombre vont le suivre. Mais dès que le mystère annoncé est obscur et si la foi n’est pas ancrée solidement sur la personne divine du Fils éternel du Père, alors le discours devient alors intolérable : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6,52)… « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60). La difficulté pour les juifs, d’ailleurs comme pour tout homme, est que la foi repose sur l’adhésion à une personne divine et non pas sur des idées ou des concepts qui me paraissent bons. Si je crois que Jésus est Dieu, parce que j’accueille dans la foi la Révélation, je crois tous les mystères qu’il va me révéler. Je ne vais pas faire un tri comme si c’était moi qui pouvais déterminer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Or, l’attitude des juifs et de beaucoup de disciples qui vont l’abandonner à ce moment-là montre qu’ils n’avaient pas une profonde adhésion à la personne divine de Jésus. Ils accueillaient avec bonheur les miracles, qu’ils analysaient comme extraordinaires et étaient donc prêts à suivre Jésus jusqu’au moment où son discours devenant obscur à leur intelligence, ils cessent de le suivre, car ce qu’il dit est « rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60). Dans l’attitude de foi, je reconnais Jésus comme Dieu et comme centre : ce qu’il dit et fait, je l’accueille. Par contre, l’attitude des disciples qui vont cesser de le suivre est bien différente, ils analysent les miracles comme quelque chose de bien ; ils décident de ce qui peut être cru ou pas. L’attitude est foncièrement différente. L’attitude de la foi est une attitude de confiance et d’abandon en la personne divine du Fils, qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper. L’attitude des disciples évanouis est plutôt une attitude admettant telle ou telle parole reconnue par eux comme vérité. Il n’y a pas la confiance et l’abandon, car ils demeurent autocentrés sur eux. Dans l’acte de foi, Dieu est au centre, dans l’autre attitude, l’homme reste au centre. Or, Jésus a dit dans l’Evangile : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Il y a forcément un acte d’abandon et de renoncement pour que Jésus prenne toute la place.

La Vierge Marie en a fait l’expérience : sa volonté n’était autre que celle de Dieu. Les saints sont à la même école. Dans le mystère de l’Eucharistie, nous sommes invités à laisser Dieu prendre toute la place dans notre coeur, de telle manière que c’est bien lui qui vit et nous fait vivre de sa vie. Bel été à tous.

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