Le mystère de la maternité divine de la Vierge Marie

Commentaire de l’Evangile du Jour (1er Janvier 2023, Sainte Marie Mère de Dieu) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. » (Lc 2,16). Le mystère  de la naissance de l’enfant Dieu, né de la Vierge Marie, nous conduit à méditer le mystère de la maternité divine de Marie. Très tôt, en 431, le Concile d’Ephèse affirme, contre le patriarche de Constantinople, Nestorius, que Marie est Mère de Dieu. Celui-ci refusait à Marie le titre de Théotokos (Mère de Dieu), lui préférant le titre de Christokos (Mère du Christ). Bien que ce dernier soit vrai, il n’en demeure pas moins, qu’il ne peut rendre pleinement la profondeur du mystère de la maternité de la Vierge Marie. De fait, si l’enfant est bien Dieu, celle qui l’a mis au monde est bien la Mère de Dieu, même, si elle-même, bien entendu, n’est pas Dieu. Or, Nestorius, en refusant ce titre à la Vierge Marie, invite à penser que l’enfant n’est pas tout à fait la personne du Verbe, du Fils de Dieu, autrement dit la deuxième personne de la Sainte Trinité. Ceci amène à voir inéluctablement deux personnes, l’une qui serait divine et l’autre humaine. Ainsi l’erreur de Nestorius conduit à la confusion entre les deux natures divine et humaine de Jésus et la personne unique de Jésus qui, elle, est bien divine. Le concile d’Ephèse affirmera  donc la doctrine des deux natures dans l’unique personne du Fils de Dieu, ayant pris chair de la Vierge Marie et c’est donc en vertu de cette union des deux natures dans la personne du Verbe que Marie est Mère de Dieu. Plus tard, le Concile de Chalcédoine, en 451, précisera davantage le mystère de l’Incarnation, à cause d’une confusion conduisant à faire « absorber » la nature humaine dans la divine, ce qui conduit à penser que le Fils de Dieu n’aurait eu qu’une apparence humaine : « Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, … la propriété de l’une et l’autre nature étant gardée et concourant à une seule personne, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ ». 

Tout cela peut paraître bien compliqué, certes. Mais cela est d’une importance absolument essentielle de préciser le mystère de la foi. D’ailleurs, les saints, qui n’étaient, loin de là, tous bardés de connaissances théologiques, comprenaient ces vérités de foi. De fait, si Marie, n’est pas la Mère de Dieu, alors Jésus n’est pas Dieu et si Jésus n’est pas Dieu, comment peut-il sauver l’homme ? Ainsi, on le voit, dire quelque chose de faux sur Marie, conduit à formuler quelque chose de faux sur Jésus et donc à ruiner le mystère de la foi. Ceci nous amène à affirmer, et les Pères de l’Eglise le percevaient bien, qu’on ne peut pas évacuer la Vierge Marie du mystère de la foi, la traiter comme d’une question subalterne. Si Dieu s’est incarné du sein de la Vierge Marie, en prenant le soin et la délicatesse de lui demander son « fiat » par l’entremise de l’ange Gabriel, qui serions-nous pour penser que son rôle ne fut pas essentiel ou minime, puisque l’histoire de l’humanité repose sur la réponse de la Mère de Dieu à Dieu ? Cela ne veut pas dire que Dieu ne pouvait pas faire autrement, mais tout simplement que Dieu n’a pas voulu faire autrement. D’ailleurs, n’en va-t-il pas pour chacun d’entre nous ? Dieu ne me sauvera pas contre ma volonté, mais bien avec, puisque le salut ne s’impose pas à moi, mais il m’est donné à la mesure de mon coeur, de telle sorte que, plus je le désire, plus je grandis dans la sainteté et plus le bonheur du ciel sera grand. Effectivement, le salut n’est autre que de vivre de l’amour de Dieu, et l’on comprend bien que plus on aime, plus on est heureux. Là, une fois de plus, il nous faut nous tourner vers la Vierge Marie, car elle est bien l’experte en la matière : qui a plus aimé qu’elle ? Personne. Or, non seulement, elle est la Mère de Dieu, mais il se trouve qu’elle est devenue notre mère : « Femme, voici ton Fils! » (Jn 19,26). Une mère n’est-elle pas censée donner ce qu’il y a de meilleur à son enfant ? Un bébé n’a-t’il pas de meilleur refuge que les bras de sa maman ? C’est ainsi que Jésus en donnant sa vie sur le bois de la Croix, nous donne sa mère et il nous confie à elle pour que nous puissions trouver en elle notre refuge. C’est ce qu’elle a dit à la petite Lucie à Fatima, le 13 juin 1917 : « Mon Coeur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. » 

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