L’édito de la semaine, le 22 Mai 2022

Commentaire de l’Evangile du Jour (22 Mai 2022, 6ème Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23). Le mystère du bonheur éternel, du ciel, se résume à une question d’amour. Comment puis-je connaître le bonheur éternel ? Que faut-il faire pour aller au ciel ? Quelles sont les compétences requises pour parvenir au ciel ? Toutes ces questions n’ont qu’une seule et même réponse : aimer. Mais qu’est-ce aimer ? Jésus donne la définition dans l’Evangile : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13). Autrement dit, aimer c’est donner sa vie. C’est donc un acte de volonté et non pas un simple sentiment. Aimer en donnant sa vie est donc le moyen de connaître le bonheur du ciel. A une époque, où chacun cherche le bonheur, Jésus nous donne une réponse toute faite : « gardez ma parole ; aimez comme je vous ai aimés. » Alors, comment se fait-il que beaucoup passent leur chemin, soit dans l’indifférence, soit dans la moquerie ou le refus de toute parole spirituelle ? La difficulté, c’est que Jésus ne s’adresse pas comme fait la publicité et la mentalité de ce monde aux besoins matériels de notre corps ; ce que nos sens perçoivent immédiatement, et que très vite, nous assimilons comme nécessaire pour être heureux ou du moins connaître un début de bonheur, ce qui est en partie vrai mais loin d’en être l’exhaustivité. Le plus essentiel, ce qui est absolument requis pour être pleinement heureux, ce ne sont pas avant tout les biens matériels que toute personne voit immédiatement, mais les biens spirituels, que seule l’âme délivrée de l’emprise des seuls biens matériels perçoit. L’homme est un être spirituel appelé au bonheur, pas au seul confort de la vie terrestre, mais au bonheur, lequel est jouissance de l’âme. Elle, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, ne peut trouver son comble que dans ce pour quoi elle est faite : chercher la vérité avec son intelligence et désirer le vrai bien avec sa volonté. Nous avons vu à l’instant que sa volonté est appelée, par Jésus, à se complaire dans l’amour et l’intelligence mais où puise-t-elle sa nourriture ? Jésus donne la réponse dans la suite de l’Evangile : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,26). Notre intelligence est appelée à être éclairée par l’Esprit Saint, celui qui enseigne toute chose, celui qui nous fait comprendre les paroles de Jésus, leur sens, leur profondeur, celui qui nourrit l’intelligence de notre foi. Notre intelligence est à la recherche de la vérité qu’elle ne peut pleinement trouver ici-bas. Toute vérité créée est insuffisante dans la quête de recherche pour une âme qui a été créée en vue de l’infini. Seul Dieu, qui est vérité, Lui seul qui ne peut pas ne pas être, car le seul qui est éternel, sans commencement et sans fin, peut rassasier, combler notre faim d’absolu. D’ailleurs, lorsque notre intelligence est enseignée par l’Esprit Saint et que notre volonté aime celui qui est l’Amour même, le Seigneur nous donne le fruit de notre quête spirituelle : la paix « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14,27). C’est l’un des fruits de l’Esprit Saint. Même à travers les souffrances et les épreuves de la vie, la paix du Seigneur apporte une douceur et une consolation qui sont à même de combler un coeur en souffrance.

La Vierge Marie et la multitude des saints n’ont-ils pas été conquis par les fruits de l’Esprit Saint, alors que le monde ne pouvait leur offrir qu’inquiétudes et insatisfactions dans leur quête d’absolu ? Or, chercher Dieu en toute chose, telle est la devise de tous les saints, résumé d’ailleurs de la règle de vie des moines de saint Benoît, n’empêche pas les saints de porter ce monde, de l’aimer et de le travailler à la manière d’un ferment pour que la grâce de la Miséricorde, agissant en eux,  touche ceux qui s’en trouvent encore éloignés. Jésus n’abandonne personne qui met sa confiance en lui. Il l’a dit « Je m’en vais, et je reviens vers vous. » (Jn 14,28). Confiance chrétien, tu es aimé par Celui qui n’est qu’amour, « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » (Jn 14,27).

 

 

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