Edito de la semaine, le 22 Janvier 2023

Commentaire de l’Evangile du Jour (22 Janvier 2023 3ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 4,17). La première chose que Jésus demande à tous ceux qu’il côtoie c’est de se convertir. L’Evangile est, au préalable, une conversion, un changement qui prend le tournant d’un retournement du coeur. Celui qui n’opère pas ce changement ne peut comprendre l’Evangile. Il ne peut tout simplement le saisir, car il implique un acte de foi, une confiance absolue en Celui qui se révèle. Ce n’est pas un accueil d’un corpus doctrinaire, d’une idée, d’une pensée, dont il s’agit, mais c’est avant tout l’accueil de la personne du Verbe de Dieu, qui, elle, ne peut être connue que par un acte de foi. Ainsi, l’adhésion par la foi est une nécessité pour suivre le Christ et accueillir l’Evangile. La foi, qui est un don de Dieu, réclame de celui qui l’accueille un acte de sa volonté. La foi est ainsi également une vertu, que celui qui croit est appelé à exercer pour se laisser transformer par le Christ. La transformation opérée par le Christ est l’avènement même du royaume de Dieu, puisque celui-ci n’est autre que la vie même du Christ dans le coeur du croyant. Sa vie est transformée parce que Jésus vit en lui, comme le dit si bien saint Paul aux Galates : « Ce n’est plus moi, qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2,20). Ainsi, on mesure que sans cette adhésion de foi en la personne du Christ, sans cette vie intérieure avec lui, il n’y a pas d’Evangile et il n’y a pas de royaume des Cieux. Il est donc impossible à tout homme de parvenir à saisir la plénitude de l’Evangile sans une réelle conversion. 

D’autre part, avec les apôtres, Jésus va leur proposer à chacun d’entre eux : « Venez à ma suite. » (Mt 4,19), puisque l’Evangile et le royaume des cieux sont une vie avec le Christ. Cette vie va leur demander de leur part beaucoup de renoncements et d’abnégation pour se laisser peu à peu engendrer à la vie nouvelle, à la vie du royaume. De fait, la conversion de ces hommes choisis par Jésus ne va pas se faire en un jour. Ils vont vivre avec lui pendant trois ans, partageant tout ce qui fait le trait de la vie, pour que le jour de la Pentecôte, avec la venue de l’Esprit Saint, ces hommes, si imparfaits et peu fiables, deviennent les piliers sur lesquels Jésus fera reposer son Eglise. Il va la confier au brave Pierre, pécheur parmi les pécheurs, plus courageux en paroles qu’en actes, pour en être le pasteur. D’ailleurs, le jour où il devra rendre témoignage, il sera bien celui dont Jésus avait prophétisé : « Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jn 21,18). Il sera habité de la plénitude du Christ, au point qu’il en assurera le témoignage suprême : le don de sa vie. 

Pour chacun de nous, même si, fort probablement, nous n’auront pas à donner notre vie de la sorte, cependant, nous sommes, en tant que disciples du Christ, invités à la donner quand même. Et cela peut se faire de bien des manières. La première, qui est un préalable, c’est la recherche de l’accomplissement de la volonté divine, qui forcément implique un certain renoncement à la sienne. Vouloir accomplir ce que Dieu veut est déjà un don de sa vie. C’est ainsi que l’on commence à mesurer que l’Evangile n’est pas l’application d’une loi extérieure ou d’une pratique de codes et de règlements, mais bien une recherche de vie avec Celui qui nous aime. On est bien là dans l’essence de ce qui fait la vie spirituelle, la vie chrétienne. 

L’experte en la matière, c’est, bien sûr, la Vierge Marie, qui à chaque instant de sa vie n’a cessé de vivre de la présence de Dieu en elle, de telle sorte que sa volonté n’était autre que celle de Dieu. La foule immense des saints a parcouru le même chemin avec plus ou moins de perfection, sachant que cette dernière n’est autre qu’un mystère d’amour : c’est celui qui a le plus aimé qui est le plus grand et celui qui a le plus aimé, c’est celui qui inlassablement a cherché la volonté de Dieu. Que le Seigneur Jésus nous aide, soutenu par la prière des saints, à vivre jour après jour l’exigence de l’Evangile ! 

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