Dimanche des Rameaux et de la Passion

Commentaire de l’Evangile du Jour (10 Avril 2022, dimanche des Rameaux et de la Passion) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » (Lc 19,38). Tel est ainsi acclamé le roi des juifs monté sur un petit ânon, aux cris des acclamations de la foule des hébreux, tenant en main des rameaux et étendant sur le passage de leur roi leur manteau. Jésus entre dans la grande ville de Jérusalem pour établir son royaume. Il entre dans cette ville de « justice et de paix » (étymologie du mot : Jérusalem), comme pour en prendre possession et s’assoir sur son trône. De fait, six jours plus tard, après avoir partagé son dernier repas avec ses apôtres, au cours duquel il institue le sacrement de l’Eucharistie et du sacerdoce, il est arrêté, trahi par Judas, emmené devant Pilate et Hérode, flagellé et couronné d’épines. On lui charge sur ses épaules sa lourde Croix, sur laquelle il va être cloué. Elle va devenir son trône, duquel il va instituer son règne, une fois mort, le coeur transpercé par la lance du soldat. Comme il l’avait lui-même prophétisé : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32), « afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame « Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. » (Phil 2,10-11). Il achèvera son sacrifice par cette parole ultime adressée au Père : «  Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23,46). Tout est dit et tout est achevé, car tout est offert. De son coeur transpercé va jaillir l’eau et le sang ; du nouvel Adam, la nouvelle Eve, la sainte Eglise de Dieu rachetée par le sang d’un Dieu fait homme. Le royaume de Dieu est établi. Y entre le bon larron, celui à qui Jésus a dit quelques instants plus tôt : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Lc 23,43). Là où Jésus semblait anéanti, vaincu, brimé, écrasé par le poids de la souffrance innommable, le voilà victorieux, détruisant dans sa propre mort le règne de Satan, l’empire de la mort et de la haine de Dieu pour laisser place au triomphe de la justice divine et la miséricorde insondable de ce Dieu au coeur d’une largesse infinie.

Entrons par le porche de l’humilité dans cette semaine sainte, comme Jésus est entré dans Jérusalem sur un petit ânon, afin de nous dépouiller de nous-mêmes et nous laisser revêtir du Christ. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11,29) dit Jésus. C’est tout l’enjeu de la Croix de nous donner à avoir part à la vie divine. Si Jésus instaure son règne dans le don de sa vie, c’est précisément pour que nous puissions partager sa vie, qui ne peut l’être que dans l’amour miséricordieux et la justice divine. Partager sa vie, n’est autre que de tout faire avec, par et pour l’amour de Dieu, celui que nos yeux ne voient pas, mais que notre coeur habité par sa présence prie et s’efforce de suivre dans une grande confiance ce qu’il nous demande. Tous peuvent entrer dans ce royaume, à condition de suivre la seule loi qui vaille : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12). 

La Vierge Marie et les saints n’ont cessé de mettre en pratique ce commandement. Aussi, la Vierge Marie a reçu cette tâche de son Fils d’être notre mère. En elle, Dieu nous donne sa mère pour qu’elle nous aide à porter joyeusement le joug du Christ afin de trouver le repos en lui.

Bonne semaine sainte à tous.

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