Dimanche de Pâques à l’abbatiale

Commentaire de l’Evangile du Jour (17 Avril 2022 Dimanche de Pâques) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« Il vit, et il crut. » (Jn 20,8). La résurrection est un mystère, non pas une évidence qui saute aux yeux, mais bien un mystère. Qui dit mystère, dit une réalité dont les sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût) ne peuvent connaître. Seule la foi permet de connaître la réalité qu’est le mystère. Alors, Jean vit le tombeau vide et non pas Jésus, mais bien l’absence de son corps. Jésus n’est plus là. De là, vient en lui la foi : il croit que Jésus est ressuscité car son corps n’est plus là. Il aurait pu se dire que son corps a été volé, détruit… Non, il croit que Jésus est ressuscité, en voyant le tombeau vide. L’attitude de Pierre est tout autre : « Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. » (Jn 20,6-7). Pierre observe, analyse, scrute et regarde les linges. Son constat est différent : le corps de Jésus n’est plus là, bien que les linges qui l’ont enveloppé sont restés là. Il manifeste à ce moment-là aucun acte de foi. Il est dans le constat de la disparition du corps de Jésus. Ces deux attitudes sont bien différentes. Elles montrent la grande proximité de Jean avec Jésus et lui donne cet éveil de la foi dans son coeur, que Pierre connaitra un peu plus tard. Le premier enseignement, que nous pouvons recueillir, est que la résurrection est donc une expérience de foi et non de vision. Nous verrons la même chose pour Thomas. La seconde chose, que nous pouvons constater, c’est que la résurrection n’est pas une notion de connaissance intellectuelle, mais bien une expérience de foi. Les disciples ont beau avoir entendu Jésus leur annoncer sa résurrection, Jean, lui-même, nous dit « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » (Jn 20,9). Savoir, ou du moins avoir entendu, ne suffit donc pas pour croire en cette réalité, il faut en faire l’expérience personnelle, pour qu’elle puisse s’incarner en nous. Ainsi, la foi ne se transmet pas en tant que telle, mais plutôt se transmettent les connaissances de la révélation divine que Jésus a donnée aux apôtres, afin de préparer les coeurs à accueillir le don de la foi, qui lui vient de Dieu directement. L’ouverture du coeur à la grâce est donc primordiale et décisive, bien plus que la connaissance en tant que telle. Ainsi, beaucoup de savants n’ont pas la foi, bien que leur connaissance de la révélation soit grande, alors que des gens simples, sans instruction et connaissance, ont une foi très vivante. On peut penser à la petite Bernadette de Lourdes. Elle n’avait reçu que la connaissance élémentaire de foi de ses parents. Cependant, cette famille profondément chrétienne vivait une grande foi. Ainsi, l’expérience de la foi vécue fut bien plus précieuse à la petite Bernadette que si elle avait reçu une connaissance de la foi de théologiens. Il faut donc distinguer la connaissance intellectuelle de la connaissance du coeur, laquelle est le fruit d’une expérience vécue. C’est l’enseignement du mystère de notre foi.

La Vierge Marie, bien que mère de son divin Fils, avait cette grande foi de ceux qui sont habités par la grâce. Certes, elle savait que son fils est le Fils de Dieu, mais cela ne vient pas tant de sa connaissance intellectuelle que celle du coeur, habité

par une très grande grâce, elle, que l’ange n’hésita pas à saluer comme « pleine de grâce » (Lc 1, 28). Demandons-lui de nous aider à grandir dans la foi.
Bonne fête de Pâques à tous.

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