L’édito de la semaine, le 29 Août 2021

Commentaire de l’Evangile du Jour (29 Août 2021, 15ème dimanche du Temps Ordinaire) de l’Abbé Thierry Delumeau :

« C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses. » (Mc 7,21). Le contraste est saisissant entre la recommandation des pharisiens et ce que Jésus leur dit. Jésus dénonce une morale bien trop extérieure, qui laisse de côté l’essentiel qu’est l’état de son coeur, comme si ce qui était visible était plus important que ce qu’il y a dans le coeur. Pour les pharisiens, ce qui compte c’est ce que les autres voient, voilà pourquoi Jésus les traitera d’hypocrites. Ils semblent penser que Dieu se satisfait de cette morale bon marché, comme s’il ne voyait pas ce qu’il y a dans le coeur. La relation avec Dieu n’est pas ajustée et donc celle avec les hommes non plus. La mondanité est devenue un code de bonne conduite, qui régit la vie en société. Cela est, bien sûr, désastreux et Jésus s’en prendra vigoureusement à cette élite juive qui prétend appliquer la Loi et être les bons serviteurs de Dieu. Jésus dira d’eux : « tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. » (Mt 23,3) Ils s’attachent à des détails, mais laissent l’essentiel : « Guides aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! » (Mt 23,24) La morale des pharisiens, en plus d’être hypocrite, est incohérente. Elle est marquée par le péché : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer ! » (Mt 23,14) C’est dans la suite de cet Evangile de saint Matthieu (chapitre 23) que Jésus lance une tirade contre les scribes et pharisiens dénonçant avec force et ténacité la conduite immorale de ceux-là mêmes qui devraient être des modèles. Or, la morale n’est pas un code de bonne conduite en société, elle est avant tout la mise en pratique de ma foi. Elle découle de ma relation avec Dieu et donc aussi de celle avec les autres. La foi chrétienne est fondée sur l’accueil de la grâce divine, que Jésus, le Fils du Père éternel, donne avec générosité aux coeurs accueillants. On ne peut accueillir réellement la grâce sans une relation sincère fondée sur l’amour de Dieu. Comment puis-je penser cacher à Dieu mon coeur, simplement en montrant aux autres un extérieur avenant ? Jésus nous invite vraiment à prendre conscience que la morale découle de la foi vécue, ce qui veut dire que je ne peux pas avoir une relation biaisée avec les autres sans qu’elle le soit avec Dieu lui-même. Si je trompe les autres, je trompe Dieu. Si je n’aime pas au fond de mon coeur mon prochain, qui, peut-être, m’a fait du mal, comment pourrai-je réellement aimer Dieu que je ne cesse d’offenser par mes péchés et qui pourtant est toujours prêt à me pardonner ? La morale est ainsi la vie de foi vécue. Elle n’est pas tant des ordres ou des lois à appliquer que des êtres à aimer (Dieu et mon prochain). La morale chrétienne est tout simplement aimer Dieu et les autres en vérité. C’est ce que Jésus enseigne à ces prétendus doctes, qui sont incultes dans des choses si élémentaires de la vie, rythmée par l’amour.

La Vierge Marie et les saints, par toute leur vie, nous donnent ces leçons de vie de foi vécue, tendant vers un seul but : aimer Dieu et aimer mon prochain pour l’amour de Dieu.

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